L’antibiorésistance : un fléau mondial

Que sont les antibiotiques ?

Un antibiotique est un médicament ou une substance naturelle qui permet soit de stopper la prolifération des bactéries (bactériostatique), soit de les tuer (bactéricide). Les antibiotiques se déclinent sous plusieurs familles dont chacune témoigne d’un effet précis et cible une famille de bactéries ou une bactérie spécifique. Lorsqu’ils sont utilisés localement (appliqués directement sur une plaie pour la désinfecter par exemple), on parle alors d’antiseptiques. Ce type de traitement est loin d’être une réponse à tous les maux contrairement à ce que l’on pourrait penser : il n’est d’aucune utilité contre les virus, les parasites ou les champignons. C’est pourquoi il est primordial de n’en faire usage que dans le cadre d’une pathologie d’origine bactérienne comme par exemple une infection urinaire, une angine bactérienne, une pneumonie bactérienne etc. Il est inutile, voire contre-productif, de prescrire des antibiotiques pour des maladies comme la grippe, la bronchite aigüe ou l’angine virale (la forme la plus courante d’angine). La distinction entre infection bactérienne et virale est essentielle pour pouvoir prescrire le traitement adéquat.

Beaucoup d’antibiotiques se composent de molécules naturelles dont la production est réalisée par des micro-organismes (qui les fabriquent pour combattre les bactéries avec lesquelles ils sont en concurrence dans leur milieu naturel). Toutefois, peu d’antibiotiques naturels sont utilisés dans le domaine médical où l’on favorise les molécules de synthèse.

L’antibiorésistance : qu’est-ce que c’est ?

L’utilisation des antibiotiques s’est généralisée dès la fin de la seconde Guerre mondiale, s’accompagnant d’une augmentation inédite de l’espérance de vie. Néanmoins, ce phénomène s’est révélé être à double tranchant. Si le mot d’ordre aurait dû être « user sans abuser », l’utilisation d’antibiotiques est rapidement devenue synonyme d’excès et les conséquences délétères sur la santé humaine ne se sont pas fait attendre. Cet usage à outrance, aussi bien en traitement préventif que curatif, autant en médecine humaine que vétérinaire, mais aussi dans l’alimentation animale, a conduit les bactéries à s’adapter, donnant naissance à des souches particulièrement résistantes aux antibiotiques, baissant considérablement le potentiel thérapeutique de ceux-ci. Dans le cadre médical, cela a engendré un net accroissement des infections nosocomiales (infections contractées dans le milieu hospitalier).

Le phénomène de l’antibiorésistance a pris une telle ampleur qu’un traitement oral banal peut conduire une souche de bactérie intestinale à devenir résistante. Étant donné que les antibiotiques sont également néfastes pour la flore intestinale, les germes résistants peuvent ainsi s’y développer facilement. Cet usage pour le moins hasardeux d’antibiotiques conduit à 33 000 décès annuel en Europe selon l’ECDC (Centre européen de contrôle et de prévention des maladies). En France, pays où la consommation d’antibiotiques est particulièrement excessive en comparaison d’autres pays européens, le nombre de victimes du succès des antibiotiques s’élève à 12 500 par an.

Les antibiotiques : omniprésents dans notre environnement

Près de la moitié des traitements antibiotiques produits à l’échelle mondiale sont destinés aux animaux selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’un des problèmes majeurs est que leur utilisation n’a pas seulement une visée thérapeutique (aux États-Unis par exemple, les antibiotiques sont également utilisés comme facteurs de croissance). Les élevages industriels sont particulièrement problématiques car ils sont la source de bactéries multi-résistantes qui peuvent être transmises à l’être humain directement ou par le biais de l’alimentation. D’autre part, une partie des antibiotiques ingérés est rejetée par les déjections, c’est pourquoi on retrouve également des germes résistants dans les cours d’eau et parfois même dans les nappes phréatiques.

Le système immunitaire : notre meilleur allié contre les infections

« Mieux vaut prévenir que guérir » ! En effet, pour lutter contre la propagation d’infections et réduire la nécessité d’avoir recours à des traitements médicamenteux, un système immunitaire en bonne santé est la meilleure des défenses contre tout type de micro-organismes. Il faut savoir que notre microbiote intestinal, composé de milliards de micro-organismes en équilibre avec leur milieu, est l’une de nos principales barrières contre les agressions extérieures. En lien étroit avec nos défenses immunitaires, son équilibre est donc primordial. Cependant, il faut savoir que les antibiotiques, en particulier lorsqu’ils sont ingérés régulièrement, nuisent considérablement à cette flore intestinale, fragilisant ainsi notre système immunitaire. Il s’agit donc d’un cercle particulièrement vicieux : plus on prend d’antibiotiques, plus on est susceptible de contracter de nouvelles infections. Pour pallier cet effet, il est fortement recommandé de réaliser une cure de probiotiques suite à un traitement antibiotique afin de rétablir l’équilibre du microbiote.

L’alimentation est également un pilier de la santé de notre système immunitaire. C’est pourquoi il est conseillé d’équilibrer ses repas, en y introduisant d’importantes quantités de fruits et légumes, riches en tous types de vitamines, minéraux et acides aminés essentiels. La vitamine D est particulièrement importante pour nos défenses immunitaires et une carence peut les affaiblir de manière conséquente. Une exposition régulière au soleil est recommandée mais une supplémentation peut également être adaptée, plus particulièrement dès la fin de l’automne lorsque les jours s’assombrissent. Dans les pays occidentaux, la majorité de la population souffre d’une insuffisance en vitamine D, ce qui peut être une cause majeure de la multiplication des infections, bactériennes ou autres. D’autre part, pratiquer une activité physique régulière et se libérer du stress (par la méditation ou le yoga par exemple) est également fondamental pour un système immunitaire en bonne santé.

Les huiles essentielles : une voie prometteuse contre les bactéries antibiorésistantes ?

C’est un fait, de nombreuses huiles essentielles témoignent d’effets antimicrobiens. Mieux encore, ces dernières années, des scientifiques ont montré que certaines d’entre elles pouvaient se révéler efficaces face à des bactéries résistantes. Aujourd’hui, les thérapies combinant des antibiotiques conventionnels et des huiles essentielles sont en plein essor et cette synergie est porteuse d’un réel espoir face au problème de taille qu’est l’antibiorésistance. Le but de ces recherches est de préserver des écosystèmes sains, à la fois autour de nous et dans notre corps. L’émergence de l’antibiorésistance montre clairement que les micro-organismes évoluent de manière dynamique en réponse à l’environnement hostile créé par les traitements antibiotiques. Les huiles essentielles pourraient bel et bien être une réponse efficace à cette problématique même si davantage de recherches sont à ce jour nécessaires. Les huiles essentielles de tea tree (Melaleuca alternifolia), d’origan (Origanum vulgare) ou de cannelle (Cinnamomum verum) par exemple ont à ce jour montré des effets particulièrement intéressants face aux infections bactériennes.

Sources

1. Cristina Bellini, Nicolas Troilet. Résistance aux antibiotiques : état des lieux en Europe et en Suisse et impact pour le praticien. Maladies infectieuses. 2016

2. Résistance aux antibiotiques. Santé publique France

3. Résistance aux antibiotiques : Un phénomène massif et préoccupant. Inserm. 2017

4. Consommation d'antibiotiques et antibiorésistance en France en 2019. Santé publique France

5. Martens PJ, Gysemans C, Verstuyf A, Mathieu AC. Vitamin D's Effect on Immune Function. Nutrients. 2020

6. Chouhan S, Sharma K, Guleria S. Antimicrobial Activity of Some Essential Oils-Present Status and Future Perspectives. Medicines (Basel). 2017

7. Puvača N, Milenković J, Galonja Coghill T, et al. Antimicrobial Activity of Selected Essential Oils against Selected Pathogenic Bacteria: In Vitro Study. Antibiotics (Basel). 2021

8. Becerril R, Nerín C, Gómez-Lus R. Evaluation of bacterial resistance to essential oils and antibiotics after exposure to oregano and cinnamon essential oils. Foodborne Pathog Dis. 2012

9. Helal IM, El-Bessoumy A, Al-Bataineh E, et al. Antimicrobial Efficiency of Essential Oils from Traditional Medicinal Plants of Asir Region, Saudi Arabia, over Drug Resistant Isolates. Biomed Res Int. 2019

10. Yap PS, Yiap BC, Ping HC, Lim SH. Essential oils, a new horizon in combating bacterial antibiotic resistance. Open Microbiol J. 2014

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